Cancer : de l'encre de seiche pour lutter contre les tumeurs Source Futura Sciences par Nathalie MayerJournaliste Publié le 26/07/2019 Pour les chercheurs, la nature constitue une belle source d'inspiration. Et ce ne sont pas les chercheurs de l'université de Wuhan (Chine) qui diront le contraire. Ils viennent de débusquer dans l'encre de seiche, des nanoparticules qui semblent efficaces à lutter contre le cancer. Pour tromper leurs prédateurs, certains céphalopodes sécrètent un liquide connu sous le nom d'encre de seiche. Et des chercheurs de l'université de Wuhan (Chine) viennent de découvrir que cette encre contient des nanoparticules aux pouvoirs étonnants. Composées notamment de mélanine, d'acides aminés, de sucres simples et de métaux, celles-ci se sont en effet montrées en mesure d'inhiber la croissance des tumeurs cancéreuses chez la souris. Ces nanoparticules ont une bonne biocompatibilité « Ces nanoparticules présentent une bonne biocompatibilité et pourraient s'inscrire dans le cadre d'un traitement par immunothérapie tumorale et d'une thérapie photothermique simultanée », explique Xian-Zheng Zhang, chimiste à l'université de Wuhan. Rappelons que l'immunothérapie tumorale consiste à lutter contre le cancer en stimulant le système immunitaire. La thérapie photothermique cherche quant à elle à détruire localement les cellules cancéreuses en les brûlant. Mais les nanoparticules synthétiques développées pour l'heure à cet usage par les chercheurs sont coûteuses et délicates à produire. Les nanoparticules contenues dans l'encre de seiche sont sphériques et mesurent environ 100 nanomètres de diamètre. Sur cette image, la comparaison entre les tailles des tumeurs après 16 jours de traitement aux nanoparticules de seiche (CINPs) ou aux nanoparticules de seiche doublées d'irradiations (CINPs+laser). © Deng et al. , American Chemical Society Un traitement efficace sur les sourisMais les chercheurs de l'université de Wuhan ont découvert que les nanoparticules d'encre de seiche sont capables de reprogrammer les macrophages - des leucocytes ou globules blancs présents dans certaines tumeurs - d'un type M2, immunosuppresseur, à un type M1, antitumoral. Dans des expériences in vitro, ils ont irradié ces nanoparticules dans le proche infrarouge et ont ainsi éliminé 90 % des cellules cancéreuses. Probablement grâce à leur forte teneur en mélanine. Publicité Des tests sur des souris atteintes de tumeurs se sont révélés efficaces même sans irradiation. Toutefois, les souris traitées à la fois aux nanoparticules et à l'irradiation ont présenté une inhibition presque complète de la croissance tumorale. Les chercheurs ont pu identifier près de 200 gènes impliqués dans les fonctions immunitaires et associés à la régulation de la réponse inflammatoire et à la destruction cellulaire qui sont régulés par le traitement évoqué. Et il s'avère que celui-ci déclenche non seulement la phagocytose des cellules tumorales, mais encourage aussi le système immunitaire à produire différents facteurs antitumoraux importants pour l'inhibition de la croissance tumorale. Ce qu'il faut retenir : Les nanoparticules synthétiques développées pour la mise en oeuvre de traitements du cancer par immunothérapie tumorale ou par photothermie sont coûteuses et difficiles à produire. C'est pourquoi des chercheurs chinois ont choisi de se tourner vers la nature. Ils ont découvert que des nanoparticules contenues dans l'encre de seiche sont capables de modifier la fonction immunitaire dans les tumeurs et, sous irradiation, d'inhiber la croissance tumorale. Cela vous intéressera aussi Cancer : mieux comprendre les tumeurs pour mieux les combattre Futura-Sciences s'est rendu au Centre de recherche en cancérologie de Marseille pour comprendre les premières étapes nécessaires dans la lutte contre le cancer. Du dérèglement moléculaire des cellules jusqu'au diagnostic de la gravité de la tumeur. Lien externe Nanoparticles from Cuttlefish Ink Inhibit Tumor Growth by Synergizing Immunotherapy and Photothermal Therapy Retrouvez les commentaires dans notre forum.