Sida : des chercheurs français ont-ils trouvé l'arme fatale contre le VIH ? Source : Futura Sciences CNRS. Publié le 16/03/2017 Cachés dans des « cellules réservoirs », des virus du Sida peuvent rester très longtemps en latence, indétectables, à l'abri de tous les traitements mais prêts à se multiplier de nouveau. Une équipe française a trouvé le moyen de les repérer en découvrant un marqueur présent sur ces cellules infectées par le VIH. De nouveaux traitements du Sida pourraient faire vraiment disparaître l'agent infectieux, ce qui ouvre un espoir de guérison. Depuis 1996, la communauté scientifique s'accorde à penser que la guérison du VIH passera par le ciblage des « cellules réservoirs » qui abritent le virus dans les organismes des patients sous trithérapie. Le VIH, en latence, sans qu'aucune protéine virale ne soit exprimée, peut se cacher dans ces réservoirs durant plusieurs dizaines d'années, échappant à la réponse immunitaire et aux traitements antirétroviraux. Mais en cas d'arrêt du traitement, le virus se multiplie massivement et la maladie progresse de nouveau. Les patients sont ainsi contraints à un traitement à vie. Pour envisager d'éliminer ce virus dormant, une première étape est de distinguer les cellules réservoirs infectées par le VIH de leurs cellules homologues saines, très ressemblantes. C'est ce que vient de réaliser une équipe de chercheurs qui a identifié un marqueur des cellules réservoirs : une protéine présente uniquement à la surface des cellules infectées. Partant de l'hypothèse que le VIH pourrait laisser une empreinte à la surface de sa cellule hôte, les chercheurs de l'Institut de génétique humaine (CNRS/Université de Montpellier) ont tout d'abord travaillé in vitro sur un modèle d'infection développé dans leur laboratoire. Une comparaison entre cellules infectées et cellules saines les a conduits à remarquer une protéine particulière, codée par un gène parmi la centaine exprimés de manière spécifique par les cellules infectées. Chez des patients sous traitement, le virus peut rester dormant dans les cellules réservoirs. © tashatuvango, Fotolia CD32a, la protéine qui trahit les cachettes du VIHPrésente uniquement à la surface des cellules infectées, la protéine CD32a remplissait dès lors in vitro les critères d'un marqueur de cellules réservoirs. Et les expérimentations sur échantillons cliniques l'ont confirmé. En étudiant des prélèvements de sang de 12 patients vivant avec le VIH et sous traitement, les chercheurs ont isolé les cellules exprimant le marqueur et ont constaté qu'elles étaient quasiment toutes porteuses du VIH. In vitro, l'activation de ces cellules a induit une production de virus capables de réinfecter des cellules saines tandis que leur élimination a provoqué un retard important de la production virale. Dans la lutte contre le VIH, cette découverte ouvre la voie à une meilleure connaissance fondamentale des réservoirs viraux, qui pourront désormais être isolés facilement et analysés directement. À plus long terme, elle devrait déboucher sur des stratégies thérapeutiques visant à éliminer de l'organisme le virus latent. Ces travaux sont issus d'une collaboration entre le CNRS, l'université de Montpellier, l'Inserm, l'Institut Pasteur, l'hôpital Henri-Mondor AP-HP de Créteil, l'hôpital Gui de Chauliac (CHU de Montpellier) et le VRI (Institut de recherche vaccinale), et font l'objet d'une publication dans la revue Nature le 15 mars 2017. Un brevet, en propriété CNRS, a été déposé sur l'utilisation diagnostique et thérapeutique du marqueur identifié. Cette recherche a reçu le soutien de l'ANRS, de MSD Avenir, de la Commission européenne, de la Fondation Bettencourt Schueller, de la Fondation pour la recherche médicale et de l'Institut de recherche vaccinale. Voir aussi :Sida : un nouveau pas pour éradiquer les réservoirs viraux du VIH Interview 3/5 : qu'est-ce qu'un virus mutant ? Lors de sa réplication, un virus peut muter et devenir plus ou moins virulent pour l’Homme. Ces changements sont aléatoires et imprévisibles. Nous avons interviewé Jean-François Saluzzo, virologiste auprès de l’OMS, afin qu’il nous parle plus en détail de ces mutations et de leur impact sur la santé humaine.